Tantra, petit aperçu
Quand on propose, comme moi des stages de Tantra, on est forcément amené à répondre à cette question que les participants posent toujours : qu’est-ce que le tantra ? Souvent largement associé à la sexualité, le terme de tantra en est réduit à véhiculer des promesses d’extases sexuelles fabuleuses, trainant derrière lui des assoiffés de sensations fortes, ou a contrario effrayant celles et ceux qui ont été abimés par des gestes, des mots, des habitudes ancrées, toxiques.
Les origines du Tantra
Le tantra prend ses origines en Asie, plus particulièrement en Inde mais on peut tout autant retrouver certaines similitudes avec le Tao chinois. Les pays étant proches, il est facile d’imaginer un échange dans un sens ou un autre. Tantra signifie « trame », et décrit l’idée de « maillage ». On peut aussi trouver une traduction comme « libération d’expansion de la conscience ». Les fondements du tantra sont consignées dans des textes sacrés appelés les Védas. Je ne décrirais pas dans ce blog les origines du tantra (environ 5000 ans) de façon précise et n’épiloguerais pas non plus sur les légendes, les dieux et les déesses avec leurs noms à rallonge. En bonne occidentale que je suis, j’ai toujours eu beaucoup de mal à mémoriser les noms indous. Si l’aventure vous tente, vous pouvez consulter la bibliographie en fin de blog.
Du tantra vers le Néo-tantra
En France, on connait le Tantra grâce à Osho, Margot Anand, Daniel Odier, ou Eric Baret pour ne citer que les plus connus. Chacun diffuse son tantra avec ses interprétations, ses méthodes. Il n’y a pas unne façon unique d’enseigner cet art de vivre. Depuis son arrivée en Occident, le Tantra des origines est sensiblement différent de celui que l’on peut pratiquer à l’heure actuelle sur notre continent. On parle souvent d’ailleurs de néotantra afin de marquer la différence avec les pratiques ancestrales originelles. Les pratiquants s’appellent des tantrikas, nom donné aussi bien aux hommes qu’aux femmes.
Ma définition du Tantra
Le Tantra amène vers la connaissance de soi et permet une meilleure conscience dans les relations. Ou plus exactement dans toutes les relations : relation de soi à soi, de soi aux autres et de soi au vivant sous toutes ses formes. Je propose plusieurs stages de tantra, dont un spécialement destiné aux femmes et articulé autour de ces notions de relation (lignée et sororité). Grâce à la pratique du Tantra, on apprend à mieux comprendre ce qui se passe en soi et à l’accueillir sans jugement, sans attente et sans objectif. Le but final étant de se retrouver dans un réel état d’ETRE. Etre soi avec soi et être soi avec ce qui nous entoure, la Nature, le vivant sous toutes ces formes. C’est un véritable outil de transformation intérieure au service de la relation.
Blanc, rouge ou noir
Trois couleurs pour trois axes d’exploration. Le tantra blanc est celui qui s’intéresse au subtil, à l’énergie qui circule par les chakras. Le tantrika est seul face à lui-même. Dans sa méditation, il va aller à la rencontre d’un monde intériorisé, intime. Les contacts physiques sont rares.
Le tantra rouge connaît un gros succès. Il s’oriente vers la dynamique de vie. Il va aller réveiller l’énergie sexuelle comme énergie de vie. Cette énergie sexuelle n’est en rien réduite à l’acte sexuel. Elle est la pulsion première qui induit la vie, le mouvement, le rythme, les élans. Le corps est très largement mis à contribution dans différents exercices et la nudité a aussi une place importante.
Enfin le tantra noir aborde les parties sombres de nos personnalités. Dans le tantra, il n’y a pas de séparation, pas de dualité. Nos ombres font parties intégrales de nous-mêmes et constituent tout autant un terrain d’exploration riche et varié. La notion de laid rejoint la perception du beau tout naturellement.
Le tantra explore tous les champs de la vie
Quand on parle de relation, bien évident, tous les champs de la vie sont concernés. Dans la vie intime, en famille au quotidien et même au boulot, les relations sont là, présentes à chaque instant. Il peut être intéressant alors de se poser la question de la place que ces relations occupent dans notre vie.
- Comment nous les gérons ?
- Comment elles nous affectent ?
- Ce que nous aimerions voir se transformer ?
- Peut-on les transformer ?
- Comment y mettre du sacré?
Douceur et lenteur, clés de la conscience
On dit souvent que le mouvement c’est la vie. Mais trop de mouvements ou trop de rapidité dans le mouvement nous écarte du ressenti. Apprendre à ralentir, à s’arrêter même, permet d’arriver à percevoir des choses plus fines. La lenteur, accompagnée par sa soeur la douceur, c’est l’axe central du tantra, qui aiguise l’attention vers de nouveaux mondes. C’est dans la lenteur, avec nos sens clairs, que nous pouvons toucher des espaces plus subtiles. C’est dans cette approche que s’inscrit par définition le massage tantrique qui se différencie alors des autres massages.
Instant présent
De là découle, l’importance de la présence. Une fois le rythme ralentit, le temps aussi se pose. L’esprit calmé et sécurisé arrête de vagabonder vers un avenir rempli par la construction de multiples projets. C’est dans cet instant présent que la connexion à soi et aux autres peut se faire en toute tranquillité. Lors de stages de Tantra, il existe de nombreux exercices proposés dans ce but.
Pas d’objectif à atteindre
Un des axes les plus importants et des plus novateurs par rapport à d’autres pratiques réside dans l’absence d’objectif à atteindre. Le but n’est pas une fin en soi car pour le tantrika ce qui compte c’est le chemin pour y parvenir. L’expérience est mise en avant car elle fait la richesse intérieure du tantrika. Je fais souvent le parallèle avec le livre de Paolo Coelho « L’Alchimiste ». On part et on arrive au même endroit. C’est le chemin qui fait tout.
Le corps et les 5 sens
Le corps est la voix royale du Tantra. Tout passe par le corps. C’est une discipline spirituelle complète et incarnée qui invite à explorer les ressentis dans l’accueil et sans jugement. Le mental, mis de côté, par des méditations, des respirations, des exercices divers, des massages, se calme doucement et laisse la place à d’autres espaces de découvertes. Chaque sens est un lien avec l’intérieur et l’extérieur de soi, chaque sens est une connexion à la vie terrestre avec son incarnation et à plus grand. Dans mes stages, le corps, la danse, les sens prennent toujours une place de choix.
Présence du Divin
Une fois (re)posé, bien installé dans son corps, les sens en éveil, la conscience grande ouverte, tout naturellement nous pouvons accéder à un certain état d’être, ou plus précisément à NOTRE état d’Être. Voilà la présence du divin qui est en nous révélée et enfin accueillie. Tout est simple et doux dans ce nouvel espace que le Tantra nous offre d’explorer. Il suffit juste d’y aller. Il s’agit de réunir le corps et l’esprit que la religion catholique s’est minutieusement évertuée à séparer, jusqu’à même nier totalement le corps.
La notion de sacré
La pratique du Tantra induit la notion de sacré, notion qui devient un peu fourre-tout actuellement et qui ne signifie plus grand-chose pour certains, mais qui prend ici toute sa place.
Dès que l’on commence à prendre conscience de la place du vivant, de sa richesse et sa diversité, cela devient une évidence que la moindre petite parcelle de vie est empreinte de sacré.
La notion du sacré appelle à plus de profondeur, plus d’authenticité et plus d’ouverture, ce que le Tantra nous invite à faire.
Vers la non-dualité
Est tantrique tout homme et éminemment toute femme qui assume la vie dans tous ses aspects, purs et impurs, sans fuite d’aucune sorte, et qui, pour retrouver l’Amour, se fie davantage à la nature qu’à l’esprit lui-même. Le tantrika perçoit l’univers au niveau énergétique et vibratoire plutôt qu’en formes classées et jugées selon un bien et un mal. Est tantrique toute personne pour qui jouissance et délivrance ne s’opposent pas, mais se magnifient l’un avec l’autre. Dans ce monde alors retrouvé, il n’y a plus de place pour la dualité.
Sexualité
Elle est partout. Tous les enseignements, toutes les méthodes que propose le Tantra (rouge) concernent également la sphère de la sexualité. Avec des pratiques spécifiques, le tantrika est amené à redéfinir cet axe en prenant en compte ses propres envies et désirs, en écoutant ses émotions et ses peurs, en accueillant ses doutes et ses incertitudes. C’est une autre façon d’aller vers soi, avec douceur et délicatesse et sans aucune attente. A ce titre, je propose un stage destinée aux femmes sur la sexualité sacrée.
Orgasme limitant
De prime abord, on pourrait imaginer que l’éveil de l’énergie sexuelle amènera à de meilleures performances au lit. La lenteur, la connexion à soi, à l’autre et au moment présent seront de sérieux atouts pendant les rapports amoureux, c’est vrai. Mais en rester là est limitant. Le tantra va plus loin et propose de ne pas « gaspiller » cette énergie dans un acte frénétique et défouloire.
Vers l’orgasme du coeur
L’idée est de faire « monter » cette énergie sexuelle et de s’en servir de moteur pour aller au-delà de l’orgasme classique, très rapide, et d’atteindre un orgasme du cœur. Oui mas comment ? Imaginez- sentir cette énergie monter en vous et ne pas pouvoir l’extérioriser. Sans suivent gêne et frustration. A contrario, si cette énergie est dirigée vers la contemplation d’un paysage, le partage d’un diner entre amis, alors l’alchimie du tantra opère. Le coucher de soleil devient encore plus beau, le repas entre amis encore plus précieux. Et la joie qui en découle vous accompagnera bien plus longtemps.
Une question d’énergie, pas de genre
Dans cette approche, les principes féminin (appelé Shakti) et masculin (appelé Shiva) prennent une toute autre valeur. Avoir représenté Shiva et Shakti par un homme et une femme a stigmatisé les principes masculin chez l’homme et féminin chez la femme. Alors qu’il s’agissait d’énergie, de polarité et non d’attributs physiques. Or une énergie n’est pas sexuée.
La vie qui coule
Alors puisqu’il s’agit d’avoir un orgasme de cœur, le sexe en tant que caractéristique physique et le genre n’ont plus vraiment d’importance. Le cœur n’est ni sexué, ni genré. Il se partage à tout moment et avec tous. En conclusion, je dirais simplement que le tantra amène à ressentir l’énergie de vie qui circule en toute chose.
Bibliographie
Cette bibliographie n’est pas exhaustive.
N’hésitez pas à rajouter les litres des ouvrages, que vous avez lu et trouvé intéressants, dans les commentaires.
L’art de l’extase sexuelle – Margot Anand
Tantra – Daniel Odier. Edition Poche
Faire l’amour de manière divine – Barry Long. Edition Poche
Tantra, spiritualité et sexe – Osho – Edition
Le tantra, horizon sacré de la relation – Marisa Ortolan et Jacques Lucas. Edition Le Souffle d’Or
La Femme Tantrique – Marisa Ortolan. Edition Le Souffle d’Or
Tous les chemins mènent à l’homme – Jacques Lucas. Edition le Souffle d’Or
Cent douze méditations tantriques – Vijnana-Bhairava Tantra
Introduction au tantra – David Dubois
Le livre des secrets – Osho Bhagwan Shree Rajneesh. Edition Albin Michel
Le seul désir – Eric Baret
Yoga, corps de vibration, corps de silence – Eric Baret
L’éveil de la femme à la sexualité tantrique – Dr Shakti Mari Malan
Dessin : Hélène Toulet